L’enfant au violon

Exposition Bob Auber: l’enfant au violon

Bach, Gavotte en rondeau – Paganini

On se rappelle toujours mieux la première fois, quand tout débute. Maintenant que l’oubli fait son travail, pour en garder le « souvenir » comme dans un carnet de voyage, il me reste dix toiles.

Un jour, dans le « grand bruit » qui nous entoure est revenu, fragile : « le silence ». Alors je suis parti en chemin avec mes couleurs. Tous les musiciens le savent : il n’y a pas de musique sans silence, ni de place, ni d’espace, ni de rythme, ni d’harmonie entre : « son », « mot, parole et chant », « note », dans ce grand dialogue qu’est l’orchestre où chacun entend et joue avec l’autre.

Ce jour, voilà plus de trois ans, à la fin d’un banquet de fête au milieu du bruit des couverts, des éclats joyeux de voix, des verres qui s’entrechoquent et du vin qui coule. « Instant magique où se franchit le pas de l’avenir », tu sortis ton violon, et nous nous sommes tus devant toi.

Et toi, en bout de table, tu as fait courir ton archet sur les cordes – Chaque note magique, claire, secret de l’enfance – nous retenions notre souffle pour que rien ne s’envole – se détachait dans le silence que tu … avais fait naître entre nous, comme si dans notre banquet, nous avions oublié l’essentiel. Je me souviens qu’après, nous parlions doucement, que chacun entendait à nouveau l’autre.

Alors, dans mon silence de peintre, en écho à ta musique, j’ai fait cette première toile. Puis il y eu de nombreux musiciens, et avec eux d’autres silences, d’autres échos entre mes couleurs et les notes. Puis des toiles ont voyagé, franchis des frontières avec leur musique – de musicien en musicien comme Histoire à suivre… Il n’y a pas de chronologie dans les souvenirs : on se rappelle toujours mieux la première fois.

Un grand aplat de rouge en travers de la toile – d’autres plages jaune sable autour – un jeu entre soleil et feu avec quelques flaques d’eau bleue et la vie verte d’un feuillage – des ronds … des planètes peut-être ? Il y a du mauve – du gris et du rose. On jette des serpentins.

Souvenirs 2020 Bob AUBER